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La névralgie du trijumeau soignée par radiothérapie

C’est une première en Wallonie : le 31 mai dernier, un patient souffrant d’une névralgie du trijumeau a été traité par radiothérapie stéréotaxique au CHU de Charleroi. Cette pathologie, qui concerne le 5e nerf crânien, se caractérise par des douleurs faciales extrêmes, semblables à un choc électrique et survenant sans avertissement. Souvent, les traitements médicamenteux n’atténuent pas la souffrance et l’intervention chirurgicale s’avère nécessaire pour empêcher le vaisseau sanguin de comprimer le trijumeau. Mais ces opérations doivent souvent être répétées, ce qui est particulièrement pénible pour le patient. D’où l’intérêt d’une radiochirurgie stéréotaxique, à l’aide d’un True Beam Novalis TX de Varian, qui s’avère indolore et non invasive.

Ce traitement est utilisé depuis plus de 7 ans au CHU de Charleroi pour des métastases cérébrales, des neurinomes et les malformations artério-veineuses, ce qui a permis d’atteindre un niveau d’expertise concrétisé par la certification internationale « Brain Lab ». Bien que la radiothérapie est utilisée à 95% pour des tumeurs cancéreuses, elle peut être adaptée à une pathologie « bénigne » comme la névralgie du trijumeau.

Le Pr Nicolas Massager, qui avait déjà travaillé sur ce type de traitement à l’hôpital Erasme où il fut chef de clinique de Neurochirurgie, a proposé de développer cette technique au CHU de Charleroi où il exerce aujourd’hui. Durant une année, les services de Neurochirurgie, de Radiothérapie et de Radiophysique médicale ont donc œuvré de concert pour perfectionner le traitement. « Une multitude de tests de validation dosimétrique et géométrique ont été réalisés et des outils technologiques ont été développés en interne, ce qui a permis d’arriver à une précision de moins d’un demi-millimètre, explique Milan Tomsej, chef du service de Radiophysique médicale. On ne peut effectivement imaginer un problème en irradiant cette zone du visage, située à côté d’organes critiques. Pour une radiothérapie « classique », on administre en moyenne une dose de 45 Grays en une quinzaine de séances. Ici, la dose est double, en une seule fois. L’imprécision n’est donc pas du tout envisageable ».

L’immobilité du patient est bien entendu nécessaire au moment du traitement. « Voilà pourquoi une imagerie vérifiant la position exacte du patient est effectuée plusieurs fois durant l’irradiation, ce qui permet de corriger celle-ci si nécessaire, poursuit le Dr Nicolas Meert, chef du service de Radiothérapie. En théorie, les douleurs s’estompent progressivement dans les semaines qui suivent le traitement. Notre premier patient n’a d’ailleurs plus subi de crise et a réduit son traitement médicamenteux de lui-même. Un suivi reste néanmoins nécessaire et une IRM est réalisée au bout de 6 mois pour constater l’évolution ».

La collaboration entre services et la prise en charge multidisciplinaire a donc permis d’ouvrir de nouvelles voies pour la radiothérapie. Encore un avantage pour les patients du CHU de Charleroi !

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